Le problème des genres
cette attitude de distanciation sinon de schizophrénie s'ébauchait pourtant dans l'utilisation des
pseudonymes ( par exemple il signe MAUFRIGNEUSE , du nom d'un personnage de Balzac, ses
articles de Gil Blas ).
Dans le conte, la torturante oscillation entre le " je " et le " il "
entreprise dans le journal de voyage sur un autre mode ( par la fuite dans l'ailleurs ) s'exprime et se
module dans les multiples modalités du travail narratif. Le scripteur ne s'y confond pas avec le narrateur,
et l'humour en est souvent la marque; le narrateur premier s'évanouit dans la parole d'un autre narrateur, et
l'on peut souvent se demander quelle est, derrière l'éternel chasseur-gentilhomme provincial - sempiternel
quinquagénaire confit dans de sages expériences - la source originaire du récit. D'autant que la fiction qui
met en avant l'homme de science, le médecin objectif, le hobereau tranquille est trop codée pour rendre vraiment
plausible l'illusion; et c'est un des paradoxes de cette écriture, dont une des bases théoriques est la vraisemblance.
Pas plus qu'on ne pourra parler d'un narrateur unique, on ne pourra définir une seule sorte
de conte chez Maupassant. La notion de genre éclate sous la multiplicité de ces courts écrits : le
récit peut s'amenuiser devant une réflexion dévorante, l'anecdote n'être plus que le point de départ d'une
rêverie réflexive. Au coeur du récit un objet ou un évènement, tragique ou anodin, peut aussi se constituer.
Le conte se meut aussi bien dans un univers angoissant ou sordide, que médiocre ou léger.
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Le problème des genres
Plus que tout autre, la vie de Guy de Maupassant semble une peau de chagrin; en dix ans seulement s'édifie
toute l'oeuvre, abondante et variée: trois cents contes, cinq romans, une pléiade de nouvelles.
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