Extraits

   Les Contes du Jour et de la Nuit - Rose

   Les jeunes femmes, étendues sous la lourde fourrure, regardent languissamment. L'une dit enfin :
" Comme il y a des soirs délicieux, où tout semble bon. N'est-ce pas Margot ? "
L'autre reprit :
" Oui, c'est bon. Mais il manque toujours quelque chose.
- Quoi donc ? Moi je me sens heureuse tout à fait. Je n'ai besoin de rien.
- Si. Tu n'y penses pas. Quel que soit le bien-être qui engourdit notre corps, nous désirons toujours quelque chose de plus ... pour le coeur. "
Et l'autre, souriant :
" Un peu d'amour ? "
- Oui. "
Elles se turent, regardant devant elles, puis celle qui s'appelait Marguerite murmura : " La vie ne me semble pas supportable sans cela. J'ai besoin d'être aimée, ne fût-ce que par un chien. Nous sommes toutes ainsi, d'ailleurs, quoi que tu en dises, Simone.
- Mais non, ma chère. J'aime mieux n'être pas aimée, parcourant de l'oeil le vaste paysage. Ses yeux, après avoir fait le tour de l'horizon, tombèrent sur les deux boutons de métal qui luisaient dans le dos du cocher et elle reprit, en riant : " par mon cocher. "

 

Extraits

L'ironie finale joue sur la nature féminine telle que se la représente Maupassant : être de désir, en attente de jouissance, la femme est ici frustrée rétrospectivement comme trompée par le plaisir qu'elle éprouvait.