Extraits

   Les Contes du Jour et de la Nuit - Rose

Mme Margot sourit à peine et prononça à voix basse :
" Je t'assure que c'est très amusant d'être aimée par un domestique. Cela m'est arrivé deux ou trois fois. Ils roulent des yeux si drôles que c'est à mourir de rire. Naturellement, on se montre d'autant plus sévère qu'ils sont plus amoureux, puis on les met à la porte, un jour, sous le premier prétexte venu parce qu'on deviendrait ridicule si quelqu'un s'en aperçevait. "
Mme Simone écoutait, le regard fixe devant elle, puis elle déclara :
" Non, décidément, le coeur de mon valet de pied ne me paraî trait pas suffisant. Raconte-moi donc comment tu t'apercevais qu'ils t'aimaient.
- Je m'en apercevais comme avec les autres hommes, lorsqu'ils devenaient stupides.
- Les autres ne me paraissent pas si bêtes à moi, quand ils m'aiment.
- Idiots, ma chère, incapables de causer, de répondre, de comprendre quoi que ce soit.
- Mais toi, qu'est-ce que cela te faisait d'être aimée par un domestique ? Tu étais quoi, émue ... flattée ?
- Emue ? non - flattée - oui, un peu. On est toujours flattée de l'amour d'un homme quel qu'il soit.
- Oh, voyons, Margot !
- Si, ma chère. Tiens, je vais te dire une singulière aventure qui m'est arrivée. Tu verras comme c'est curieux et confus ce qui se passe en nous dans ces cas-là. "

 

Extraits

La confidence renforce la complicité des femmes, à ce point que le texte original indiquait -- lapsus ou suprême ironie ? -- " Mme Margot " pour " Mme Simone " au dernier paragraphe.