Extraits
Le Horla ( Version de 1887 )
Mais direz-vous, le papillon ! une fleur qui vole ! J'en rêve un qui serait grand comme cent univers, avec des
ailes dont je ne puis même exprimer la forme, la beauté, la couleur et le mouvement. Mais je le vois... il va
d'étoile en étoile, les rafraîchissant et les embaumant au souffle harmonieux et léger de sa course !... Et
les peuples de là-haut le regardent passer, extasiés et ravis !...
[ ... ]
Qu'ai-je donc ? C'est lui, lui, le Horla, qui me hante, qui me fait penser ces folies ! Il est en moi, il
devient mon âme; je le tuerai !
19 août. Je le tuerai. Je l'ai vu ! je me suis assis hier soir, à ma table; et je fis
semblant d'écrire avec une grande attention. Je savais bien qu'il viendrait rôder autour de moi, tout près,
si près que je pourrais peut-être le toucher, le saisir ? Et alors !... alors, j'aurais la force des
desespérés; j'aurais mes mains, mes genoux, ma poitrine, mon front, mes dents pour l'étrangler, l'écraser,
le mordre, le déchirer.
Et je le guettais avec tous mes organes surexcités.
J'avais allumé mes deux lampes et les huit bougies de ma cheminée, comme si j'eusse pu dans la clarté, le
découvrir.
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Extraits
Victime et enquêteur, il se livre à une rétrospection imposée par la forme du journal
et centrée sur la découverte progressive et terrifiante du Horla, créant une sensation d'angoisse
qu'il s'agit de communiquer au lecteur. C'est un découverte de l'Etre, de l'Autre, qui accède à la
nomination.
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