Extraits
Le Horla ( Version de 1887 )
18 août. J'ai songé toute la journée. Oh! oui, je vais lui obéir, suivre ses impulsions,
accomplir toutes ses volontés, me faire humble, soumis, lâche. Il est le plus fort. Mais une heure viendra...
19 août. Je sais... Je sais... je sais tout ! Je viens de lire ceci dans la Revue du Monde
scientifique : " Une nouvelle assez curieuse, comparable aux démences contagieuses qui atteignirent
les peuples d'Europe au Moyen Age, sévit en ce moment dans la province de San-Paulo. Les habitants éperdus
quittent leurs maisons, désertent leurs villages, abandonnent leurs cultures, se disant poursuivis, possédés,
gouvernés comme un bétail humain par des êtres invisibles bien que tangibles, des sortes de vampires qui se
nourrissent de leur vie pendant leur sommeil, et qui boivent en outre de l'eau et du lait sans paraître
toucher à aucun autre aliment.
" M. le professeur Don Pedro Henriquez, accompagné de plusieurs savants médecins, est parti pour la
province de San-Paulo, afin d'étudier sur place les origines et les manifestations de cette surprenante folie,
et de proposer à l'Empereur les mesures qui paraîtront les plus propres à reppeler à la raison ces populations
en délire. "
Ah ! Ah ! je me rappelle, je me rappelle le beau trois-mâts brésilien qui passa sous mes fenêtres en remontant
la Seine, le 8 mai dernier ! Je le trouvais si joli, si blanc, si gai ! L'Etre était dessus, venant de là-bas,
où sa race était née ! Et il m'a vu ! Il a vu ma demeure blanche aussi;
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Extraits
Il existe deux versions du Horla. La première (1886) se présente sous la
forme d'une nouvelle; la seconde (1887), plus développée, est conçue comme un journal intime. Ici le
narrateur, devenu diariste, est le seul témoin de ses aventures.
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