Extraits

   Le Horla ( Version de 1887 )

C'était comme la fin d'une éclipse. Ce qui me cachait ne paraissait point posséder de contours nettement arrêtés, mais une sorte de transparence opaque, s'éclaircissant peu à peu.
Je pus enfin me distinguer complètement, ainsi que je le fais chaque jour en me regardant.
Je l'avais vu ! L'épouvante m'en est restée, qui me fait encore frisonner.
20 août. Le tuer, comment ? puisque je ne peux l'atteindre ? le poison ? mais il me verrait le mêler à l'eau; et nos poisons, d'ailleurs, auraient-ils un effet sur son corps imperceptible ? Non... non... sans aucun doute...
Alors ?... alors...
21 août. J'ai fait venir un serrurier de Rouen, et lui ai commandé pour ma chambre des persiennes de fer, comme en ont, à Paris, certains hôtels particuliers, au rez-de-chaussée, par crainte des voleurs. Il me fera, en outre, une porte pareille. Je me suis donné pour unpoltron, mais ke m'en moque !...
[ ... ]
10 septembre. Rouen, hôtel Continental. C'est fait... c'est fait... mais est-il mort ? J'ai l'âme bouleversée de ce que j'ai vu.
Hier donc, le serrurier ayant posé ma persienne et ma porte de fer, j'ai laissé tout ouvert jusqu'à minuit, bien qu'il commençât à faire froid.

 

Extraits

Il existe deux versions du Horla. La première (1886) se présente sous la forme d'une nouvelle; la seconde (1887), plus développée, est conçue comme un journal intime. Ici le narrateur, devenu diariste, est le seul témoin de ses aventures.