Une stratégie de la perversion

   Contre l'omnipotence de la nature, Maupassant construit une sorte d'anti-physis protéiforme qui permettra, sous divers modes, de canaliser ou d'utiliser l'intensité des forces internes.
   Une lutte passive contre le vouloir-vivre qui pousse l'homme vers la femme amène à rejeter ce désir at à vivre la solitude, comme le font les protagonistes de Un fou ?, Qui sait ?, le Horla, qui résistent ainsi aux pressions conjuguées de la loi naturelle et de la loi sociale. Mais si la société tolère le célibat, la nature se venge en perturbant la santé mentale de celui qui se rebelle contre elle. La solitude, qui est d'ailleurs souvent le premier pas vers la folie, ne saurait donc constituer une véritable solution.
   L'égoïsme naturel sera, lui, battu en brèche par l'accession à la position morale, une forme de sublimation qui entraîne l'oubli de soi au bénéfice des autres, grâçe à la pitié et à la charité. Les accents de compassion pour les faibles, en particulier les enfants, les infirmes ou les animaux, vont dans ce sens.    Pour déjouer la pulsion maudite, une autre tentative - non plus morale mais esthétique - est fournie par l'art, qui protège du désespoir, de la mondanité, de la mort et qui se trouve du côté de l' authentique. Exemplaire, le seul personnage vrai de Notre coeur, le sculpteur, qui dédaigne les robes sophistiquées des femmes du monde pour ne se soucier que de la ligne pure, montre la voie vers ce qui est à la fois la sublimation la plus élaborée et peut-être aussi le salut.
   Mais le triomphe le plus sûr, en même temps que le plus facile, nous est donné par le plaisir sexuel; si la nature se

 

Une stratégie de

la perversion

"Contre l'omnipotence de la nature, Maupassant construit une sorte d'anti-physis protéiforme qui permettra, sous divers modes, de canaliser ou d'utiliser l'intensité des forces internes."