Une stratégie de la perversion

joue de nous en nous incitant à l'acte charnel en vue de la procréation nécessaire à l'espèce, nous pouvons la duper à notre tour en refusant la finalité sans renoncer au plaisir. Il y aurait même là une certaine sagesse, nous dit un Maupassant paisible, libertin influencé par le XVIIIe siècle.
   Il y aurait même là une certaine sagesse, nous dit un Maupassant paisible, libertin influencé par le XVIIIe siècle. Cependant, pour lui, le culte de l'érotisme est conçu essentiellement comme pervers en ce sens qu'il témoigne d'une révolte contre le naturel. Des contes comme
la Moustache, les Caresses, auxquels ont pourrait rattacher bien des contes lestes sur l'impuissance, le voyeurisme, la nymphomanie, sont comme des pirouettes qu'un astucieux Pierrot esquisserait devant une nature rusée. Celle-ci, ironie suprême, se verra reniée par ses propres créatures, ses instruments privilégiés, les femmes, qui, chez Maupassant, sont des coquettes ( qui ont raison de l'être ) plus que des mères. Le refus de l'enfant est fréquent, il s'exprime de façon viscérale et avec violence, et les infanticides, assez nombreux dans l'oeuvre ( l'Enfant, la Confession, Rosalie Prudent... ), sont, contre la morale sociale, pratiquement justifiés. D'ailleurs, si le nourrisson survit, il deviendra inexorablement un raté ( Un fils, l'Abandonné ), voire un monstre criminel ( Un parricide, l'Orphelin... ). Pas de maternité ni de paternité heureuses. De plus, sur quoi fonder la paternité ? Le thème tragique du bâtard, condamné au malheur, rejoint la veine désabusée de la paternité incertaine, torturante et destructrice ( le Père, le Petit, Monsieur Parent... ).
 

Une stratégie de

la perversion

"Contre l'omnipotence de la nature, Maupassant construit une sorte d'anti-physis protéiforme qui permettra, sous divers modes, de canaliser ou d'utiliser l'intensité des forces internes."