Extraits
Une vie ( chapitre 6 )
Devant la barrière blanche aux piliers de brique, la famille et les domestiques
attendaient. La chaise ed poste s'arrêta, et les embrassades furent longues. Petite mère pleurait; Jeanne
attendrie essuya deux larmes; père, nerveux, allair et venait.
Puis, pendant qu'on déchargeait les bagages le voyage fut raconté devant le feu du salon. Les paroles
abondantes coulaient des lèvres de Jeanne; et tout fut dit, tout, en une demi-heure, sauf peut-être
quelques petits détails oubliés dans ce récit rapide.
Puis la jeune femme alla défaire ses paquets. Rosalie, tout émue aussi, l'aidait. Quand ce fut fini, quand le
linge, les robes, les objets de toilette eurent été mis en place, la petite bonne quitta sa maîtresse; et
Jeanne, un peu lasse, s'assit. Elle de demanda ce qu'elle allait faire maintenant, cherchant une occupation
pour son esprit, une besogne pour ses mains. Elle n'avait point envie de redescendre au salon auprès de sa
mère qui sommeillait; et elle songeait à une promenade; mais la campagne semblait si triste qu'elle sentait
en son coeur, rien qu'à la regarder par la fenêtre, une pesanteur de mélancolie.
Alors elle s'aperçut qu'elle n'avait plus rien à faire, plus jamais rien àfaire.
Toute sa jeunesse au couvent avait été préoccupée de l'avenir, affairée de songeries. La continuelle
agitation de ses espérances emplissait, en ce temps-là, ses heures sans qu'elle les sentît passer. Puis, à
peine sortie des murs
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Extraits
Histoire d'un échec et d'une dégradation. Une vie (1883) est le roman
naturaliste d'une héroïne, Jeanne, vouée aux multiples désillusions dans un univers désespéré, cumul de
ratages, de rêves détruits, de pertes et de manques.
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